Nous voici installées à Guayaquil depuis un peu plus d'une semaine. Nos premières impressions furent celles d'une ville à la population accueillante, ensoleillée, mais très dense, bruyante et polluée... L'impact de la rénovation urbaine initiée par la municipalité depuis les années 2000 est visible, et les habitants semblent s'accorder pour dire que celle-ci impacte significativement leurs modes de vie.
En effet, Guayaquil a entreprit une transformation importante, d'une ampleur inégalée sur le reste du territoire équatorien. Cette rénovation urbaine s'est faite en parallèle d'un mouvement de décentralisation décidé par le gouvernement, ce qui permet aux acteurs locaux d'acquérir un plus grand pouvoir d'initiative. Souvent, la municipalité de Guayaquil s'appuie sur le secteur privé, via des contrats signés avec de multiples entreprises, afin de pouvoir concrétiser ses projets.
C'est par le biais d'une méthode incrémentale que la rénovation urbaine se met en place, avec des changements progressifs et une optimisation maximale des ressources existantes.
Au niveau de l'organisation spatiale, Guayaquil s'étend verticalement, le long du fleuve Guayas. La partie Nord de la ville demeure plus développée, plus sure et visiblement plus moderne que la partie Sud. Même dans le centre touristique, certains quartiers sont encore considérés comme particulièrement dangereux et délabrés, comme c'est le cas de Las Penas par exemple. A ce stade de notre recherche, on peut donc se demander si la rénovation urbaine ne s'apparente pas dans certaines localités à une rénovation "de facade".
En ce qui concerne la mobilité urbaine, celle-ci est largement dominée par deux réseaux de bus majeurs, le système de "bus urbains" anciens et la jeune Metrovia née en 2006.
Ainsi, nous avons décidé de partir à la recherche d'un maximum d'informations provenant des autorités locales. Nous avons interrogé Fernando Amador, le directeur du service des transports publics de l´Autorité Municipale des Transports (Autoridad de Transito Municipal) en charge de la régulation des "bus urbains". Celui-ci nous a éclairé sur la volonté municipale de faire évoluer ce modèle. En effet, il s'agit de systématiser et de réformer un système actuellement désorganisé et anarchique. Ces bus n'ont pas d'itinéraires clairement définis ni d'arrêts formalisés dans l'espace public. L´institution cherche ainsi a imposer un parcours établi que se doivent de respecter les chauffeurs.
Nous avons également interrogé la responsable de la Communication Institutionnelle de la Fondation Metrovia, Marcela Camposano, et son président, Federico von Bunchwald. Ces derniers nous ont fait part des innovations de ce système de bus cherchant a accorder une plus grande importance aux usagers. Les arrets de bus sont pourvus d'un dispositif wifi mais aussi de gardes et de caméras de surveillance. De plus, le prix d´un trajet est tout à fait abordable puisqu'il est égal aux prix des tickets des "bus urbains".
De même, la fondation Metrovia met en place des campagnes de sensibilisation destinées notamment aux jeunes afin de les conscientiser quant aux comportements à adopter dans les transports en commun. De même, des campagnes abordent le sujet de la violence faite aux femmes dans ces derniers.
Quant à la technologie, il semble que la technologie numérique soit utilisée comme un levier dans la rénovation de Guayaquil. Ainsi, une direction de l'informatique a été créée au sein de la municipalité, avec comme tâche principale la mise en place de bornes d'accès wifi gratuite dans l'ensemble de la ville. Nous avons également constaté que le système de transport Metrovia portait une attention particulière aux innovations numériques. Ainsi, une application mobile sera lancée d'ici 2 semaines pour permettre aux usagers, de calculer leurs itinéraires, de suivre en temps réel l'évolution du trafic, et d'être informés de tout incident survenus sur le réseau. De plus, d'ici la fin du mois d'aout, des écrans tactiles seront installés dans l'ensemble des bus, pour assurer, entre autres, une meilleure communication entre les passagers, les conducteurs et le centre de contrôle. Le système Metrovia favorise en ce sens la mise en place d'une mobilité intelligente à Guayaquil.
Voici donc un petit compte rendu de l'évolution de notre recherche pour urbanistes du monde.... Les prochaines étapes s'avèrent tout aussi stimulantes, puisqu'une rencontre avec le maire de Guayaquil, Jaime Nebot, est, on l'espère, en cours de planification. Il s'agira ensuite d'étudier dans quelles mesures l'écologie et le respect de l'environnement est intégrée à la rénovation urbaine, et de savoir si des programmes d'éducation au numérique existent, et sont facilement accessibles au public. Enfin, il s'agira d'analyser plus en profondeur quelles sont les forces du secteur privé qui développent des projets rapprochant Guayaquil du concept d'une ville intelligente, particulièrement en rapport avec la mobilité urbaine et les transports.
Petite présentation de notre mission à Guayaquil...
Nous partons, sac a dos sur le dos, pour l'Equateur le 13 juillet prochain, afin d’étudier le système de mobilité intelligente qui se développe à Guayaquil. Cette ville, située au sud du pays, est souvent présentée comme étant la capitale économique de l’Equateur. Elle accueille plus de quatre millions d’habitants.
Notre recherche portera sur l’intégration progressive de différents moyens de transport en un seul et même réseau, cherchant à la fois a être efficace, accessible, abordable, et écologique. Il s'agit en effet des quatre principaux criteres d´une mobilite intelligente, qui doit pouvoir reduire la pollution urbaine, tout en permettant aux citoyens d'optimiser leur temps de transport. L’un des objectifs principal de la municipalité de Guayaquil, et du maire Jaime Nebot au pouvoir depuis 2000, est aussi et avant tout de réduire la violence et la criminalité longtemps survenue dans les transports.
Ainsi, depuis l'année 2006, un nouveau système de bus rapides, appele Metrovia, disposant d'une voie distincte du reste de la circulation, s'est développé. Il encadre désormais trois lignes reparties sur l'ensemble de la ville, et a permis d'ameliorer significativement la mobilité de la population guayaquileña. Il favorise le désenclavement de nombreux quartiers auparavant reculés. Un système de téléphérique, appelé Aerovia, est également en projet et devrait voir le jour d’ici 2017. Selon la mairie de Guayaquil, il transportera plus de 30 000 personnes par jour une fois effectif, et permettra de relier la ville avec l’agglomération de Duran, considérée comme la « ville dortoir » de nombreux employés de Guayaquil.
Le système de mobilité intelligente qui se développe à Guayaquil tire profit de l’importance croissante accordée aux nouvelles technologies de l´information et de la communication. Les 6 000 bornes d’accès wifi installées dans la ville l'illustrent, et sont utiles pour favoriser la gestion urbaine.
Notre recherche s’attachera donc à analyser comment et dans quelles mesures une mobilite intelligente voit le jour a Guayaquil depuis le debut des annes 2000, rendant le système de transports plus fonctionnel. Elle cherchera à analyser si les nouvelles infrastructures en place répondent aux besoins de la population et s'inscrivent dans une dynamique numerique.
Nous avons tellement hâte d’être sur le terrain, même si l’aventure a déjà commencé dans nos têtes !
Claire Delmotte et Marie Paindavoine