Les 4 et 5 septembre 2016, Hangzhou accueillera les dirigeants des 19 pays les plus puissants du monde et de l'Union Européenne. Une première pour la Chine, qui gère l’organisation d’une main de fer. « En une année, ce sont dix ans d’investissements qui ont été réalisés dans la ville », commente Han Haoyin, professeur d’urbanisme que nous avons rencontré à l’Université du Zhejiang.
Pour l’occasion, toute la ville a été décorée aux couleurs du G20 : arrêts de bus, abris pour les deux roues, sièges dans les transports publics, vélos en libre-service et écrans géants sont couverts de publicités célébrant l’évènement et les 24 « valeurs du communisme » : liberté, démocratie, harmonie … (sic.) Plusieurs spectacles « sons et lumières » viennent d’être mis en place sur le lac, sur la place Wulin et dans le CBD, mélangeant musique classique européenne et airs militaires chinois. Les personnes âgées de la ville ont reçu des instructions censées leur apprendre un anglais basique afin d’accueillir au mieux les touristes. Le gouvernement veut présenter une ville propre, dynamique, ancrée dans un héritage culturel important tout en étant tournée vers la modernité et les nouvelles technologies.
Les chantiers des bâtiments et des nouvelles lignes de métro sont poussés à des cadences effrénées avant d’être totalement interrompus durant le sommet, comme l'ensemble des usines et des centrales à charbon de la région (Shanghai inclus), garantissant un ciel bleu pour les puissants de ce monde. De grandes palissades présentant la ville sous son plus beau jour sont installées afin de masquer les travaux. Les lieux les plus touristiques de la ville ont bénéficié d'une large rénovation. Plus largement, la ville a connu une accélération exponentielle de sa croissance déjà considérable avec le percement de 7 nouvelles lignes de métro, la construction de nouvelles tours et l’amélioration des infrastructures existantes, avec pour horizon l’organisation des Jeux Asiatiques de 2022.
Début septembre, les administrations resteront portes closes, les universités repousseront leur rentrée et l’ensemble des employés seront invités à voyager grâce à une semaine de congés offerte. L’objectif : vider la ville de ses habitants et limiter ainsi la congestion et la pollution, tout en facilitant les contrôles policiers. Les coûts de ces préparatifs s’élèveraient à près de 22 milliards d'euros (160 milliards de yuans), l'équivalent de 70% des revenus de la ville en 2015, selon un officiel chinois depuis arrêté pour avoir critiqué l'organisation du sommet.
Les autorités ont d’ailleurs renforcé leur surveillance des étrangers résidant dans la ville, interdit les locations Airbnb (qui ne permettent pas de fichage généralisé des touristes comme les hôtels) et encadré les chauffeurs de VTC. Enfin les rassemblements, notamment religieux, sont sévèrement encadrés voire interdits. Le gouvernement chinois veut offrir au monde une vitrine sans tâche d’une ville présentée comme un modèle de développement, quitte à dépenser des moyens démesurés dans la propagande et pour l'apparence de la ville.
Brève de Jérémy Leugé et Liubing Xie
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tu (vendredi, 08 septembre 2017 20:34)
geograficzno